Dans la série Le grand ensemble, présentée à la Maison de l’architecture de l’Isère, c’est en quelque sorte l’incompatibilité entre le discours projeté et les usages concrets qui est interrogée.
Chacun de nous est en effet habité par une figure de l’habitat qu’il bricole et recompose, rustine et rapièce au petit bonheur des représentations dominantes, depuis les revues de mode jusqu’aux paysages d’arrière-plan des séries télévisées et aux lointains usages des ancêtres. À 46 ans, Mathieu Pernot est l’un des photographes français les plus en vue et originaux de sa génération. Il nous donne à voir sans clichés les franges de la société avec ses laissés-pour-compte ou ses non-lieux : campements de roms, asiles psychiatriques, barres d’immeubles dressées contre l’horizon. Des images fortes et parfois dérangeantes, en prise totale avec le réel, qui par leur format souvent hors-norme et leur frontalité nous placent au centre de la scène. Il aborde l’histoire contemporaine en interrogeant la nature du regard porté et le dispositif photographique qui l’accompagne. La photographie n’est pas seulement une trace du monde, elle en devient le médium constitutif et quelquefois le moteur. Elle fait pleinement partie de l’histoire qu’elle contribue quelquefois à écrire. Il a obtenu le prix Niépce en 2014 et le prix Nadar en 2013. |